La journée du mardi 4 août 2020 restera à jamais gravée dans la mémoire collective libanaise. En ce sinistre jour se déroula un drame national : l’explosion survenue dans l’enceinte du port de Beyrouth. Les conséquences de cette catastrophe sont sans précédent. Le pays a du mal à s’en relever. Retour sur les circonstances et les répercussions de cette puissante déflagration.
Les causes de l’explosion du port de Beyrouth
Il eut en réalité deux explosions. La première explosion est survenue dans la zone portuaire de Beyrouth. Il sonnait approximativement 18 h heure locale (15 h GMT). Elle fut suivie d’un incendie et de quelques détonations. Le feu s’est rapidement propagé à l’entrepôt 12, l’épicentre de la seconde explosion. Celle-ci était beaucoup plus intense et violente. Elle a provoqué une énorme colonne de fumée dans le ciel.
Les détonations ont été entendues, l’onde de choc ressentie par des témoins à Larnaka, ville balnéaire chypriote située à plus de 200 km des côtes libanaises. L’explosion fut enregistrée par des capteurs de l’USGS (institut américain de géophysique). Elle fut assimilée à un séisme de magnitude 3,3. Le port et ses environs furent littéralement ravagés. Les destructions sont considérables.
L’origine de cette double explosion est attribuée au stockage de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium dans le tristement célèbre entrepôt 12. Le nitrate d’ammonium est l’un des composés de base de certains types engrais azotés. C’est aussi une substance chimique fréquemment utilisée pour la fabrication d’explosifs.
Comment une telle catastrophe a-t-elle pu se produire ? L’entrepôt de stockage ne répondait pas aux exigences pour le stockage de ce type de produit. Il est possible de consulter sur a2s-atex.com les principales normes de sécurité des environnements à risque d’explosion. En outre, il existait de multiples mises en garde.
Le navire contenant la cargaison de nitrates d’ammonium fit un arrêt définitif au port de Beyrouth en novembre 2013. En décembre 2014, une demande fut adressée au tribunal de Beyrouth dans le but d’obtenir l’autorisation de se débarrasser du stock de produits. Le New York Time rapporte que pas moins de six demandes du même ordre furent adressées aux tribunaux libanais.
Les autorités portuaires affirment avoir voulu revendre le stock à une entreprise spécialisée en fabrication d’explosifs. À défaut, elles proposaient d’offrir le stock à l’armée libanaise. En 2016, une nouvelle demande fut adressée à l’agence maritime libanaise. L’objet du courrier était la réexportation immédiate du stock de nitrate d’ammonium du port de la capitale. En janvier 2020, une équipe d’inspecteurs tirait la sonnette d’alarme. Ils affirmaient ce qui suit : « le stock de nitrate d’ammonium au port de Beyrouth est suffisant pour faire sauter toute la ville ».
Les conséquences de l’explosion du port de Beyrouth
Le bilan humain est très lourd. L’explosion a fait plus de 215 morts. Le nombre de personnes blessées est estimé à près de 6 500. Le paysage est apocalyptique. Les conséquences sur l’environnement sont désastreuses. Des quartiers entiers ont été décimés. Le gouverneur de Beyrouth estimait les dégâts matériels à plus de trois milliards. Le gouvernement dirigé par Hassan Diab a démissionné. Aujourd’hui encore, on recense près de 30 000 personnes sans domicile fixe. L’enquête judiciaire continue d’être plombée par des obstructions de la classe politique.